dimanche soir, soirée enfin tranquille après une semaine de cours de thai massage et deux jours de foot massage, pas de temps mort, pas de break et demain lundi, reprise du cours 2ème niveau de thai massage…mais j'en étais resté à lampang dernière étape avant Chiang Mai et fin de mon périple avec Tony. Il nous avait dégotté une très jolie guest house en bois dans laquelle il n'est pas resté, faute de bruit, les sols en bois ne sont pas très isolants. Ma chambre, petite mais agréable me suffisait amplement. Je suis finalement restée 3 jours là, à vagabonder avec ma bicyclette, de temple en temple et en maison de bois traditionnelle, c'est l'une des rares villes que j'ai visitées où j'ai le sentiment de l'histoire inscrite dans la ville. Beaucoup de vieilles maisons en bois, des rues qui suivent la rivière, malgré quelques larges avenues inhumaines pour les piétons. D'ailleurs aucune des villes que j'ai traversées en Thailande n'est faite pour eux. La rue appartient à la gente roulante et pétaradante, tous les pick-up ont des vitres fumées, pas de visage, rien d'humain à espérer du monstre fonçant vers vous. Quand il y a des trottoirs, ils sont encombrés de scooters et vélos garés, du débordement de toutes les échoppes, car en fait, on n'est rarement vraiment à l'intérieur. Même le revêtement des trottoirs n'est pas notre ami, racines exubérantes explosant le bitume, trous inopinés, briques posées là, allez savoir pourquoi, obstacles en tous genres… marcher le nez en l'air tient de l'exploit sportif ou du parcours du combattant. Lampang n'échappe pas à la règle mais j'ai apprécié quelques rues sinueuses le long de la rivière. Un après-mid, je me suis quand même mis en quête d'un massage des pieds pour commencer, j'ai trouvé un salon où une très plantureuses jeune femme a pratiqué un long massage assez ennuyeux, terminé par des tampons d'herbes brûlants alors qu'on ne rêve que de fraîcheur !!! Pour me distraire, j'observais les autres masseuses occupées sur les lits qui me faisaient face, malaxant inlassablement leurs clients… le nez sur la télé qui diffusait un soap opéra des plus thailandais, avec robes de princesse scintillantes, sabres, bons et méchants, tous très jeunes et évoluant dans des décors modernes, les nouveaux chevaliers peut-être !
Je remarquais quand même une femme, plus âgée, qui ne regardait pas la télé, son rythme était profond et elle semblait attentive, j'ai donc pris rendez-vous pour le lendemain. Quand je suis arrivée, comme elle n'avait pas fini son massage, je me suis plongé dans mon livre d'apprentissage du langage thai, essayant désespérément de comprendre la prononciation de certains mots et de retenir au moins les nombres.
Quand vint mon tour, je lui ai montré mon livre, essayé de dire neeeeeeuuuuuuunnnnnnnggggg (le chiffre 1 en thai)et elle a ri, les autres aussi, ce qui fait qu'en plus du massage, j'ai eu droit à un cours de thai!
Oui, décidément, Lampang restera une belle jolie étape, c'est ce que je me suis dit en retrouvant le charivari infernal du périphérique de Chiang Mai, pire peut-être que dans mon souvenir, je ne suis même pas allé au centre-ville et j'ai pris un touk-touk pour rejoindre directement l'école où j'a définitivement pris mes marques.
7h30 du matin, lundi 8 février, lavée, habillée, le corps dérouillé par quelques assouplissements (vais-je pouvoir encore dormir sur un matelas ???), je suis déjà dans le hall de l'école devant un thé que je suis allée me préparer dans la cuisine des employés. Devant moi, la petite pagode qui protège Bouddha et Shivago, le père docteur invoqué par tous les masseurs thais. Les employés arrivent peu à peu, s'inclinent devant l'autel avant d'aller vaquer à leurs occupations du jour. Ici, on travaille sept jours sur sept, même si le dimanche est marqué symboliquement chez le directeur par une légère décontraction de la tenue ; chemise à fleurs au lieu de l'habituelle chemise blanche impeccable. On peut même sentir une subtile nonchalance dans sa politesse élégante et digne. On ne sent jamais de précipitations chez personne, les gestes semblent coulés dans l'éternité. J'aime l'ambiance du matin dans l'école, oiseaux qui pépient, pas encore trop de trafic sur la rue mais peu à peu les bruits se diversifient… le quartier se réveille.
Je bois mon thé en attendant de me mettre en chasse de mon petit déjeuner : ananas fraîchement coupé ? mangue verte ? riz sauté aux épices ? Hier j'ai marqué le dimanche en m'offrant une saveur exotique sous ces climats… un merveilleux muffin tout chaud que l'on peut trouver dans l'incroyable supermarché, juste derrière l'école.
Depuis plus d'une semaine que je suis là, j'avais toujours acheté mes repas sur la grande rue ponctuée d'échoppes, de cantines ambulantes offrant une variété de plats cuisinés, de fruits découpés. Je n'avais jamais pris la rue, un cul de sas en fait, en sens inverse et voilà que je découvre qu'elle donne sur l'arrière du parking d'un mini et très chic petit centre commercial. Cafés design, restaurant japonais, kiosque fish and chips, boutiques chic et épurées et le must : un supermarché bio, rutilant débordant de tout… toute la nourriture du monde, fromages français et italiens, charcuterie, poissons frais ruisselants sous une brume diffusée en permanence, une boulangerie proposant croissants au beurre et muffins chauds et délicieux à déguster sur place dans un petit coin café très chaleureux ou à emporter. Musique douce, couleurs chaudes, propreté et alignement impeccable, un espace à échelle humaine… l'exact opposé de nos supermarchés ! La clientèle semble en grande partie aisée et européenne et le saut brutal dans cette dimension inattendue est saisissant et excitant ! Et comme en plus, on y trouve des barquettes de différents rouleaux de printemps frais et autres bonnes choses préparés journalement, l'endroit est devenu notre lieu de déjeuner quasi quotidien… Je dis ON, mais je n'ai pas encore parlé du groupe de l'école, ni des cours, mis à part le fait que c'est très international et très sympa. Dans le groupe, il y a le sous groupe de ceux qui vivent à l'école : sarah, jeune belge nomade, ayant vécu 3 ans en Chine et qui compte voyager encore toute l'année, voire plus avant de rentrer et créer sa ferme bio. Matcjek, beau et grand polonais aux yeux très bleus et à la voix grave, rédacteur publicitaire au chômage, passionné de shiatsu (quel bonheur pour les petits copains !!) qui veut se reconvertir, tellement slave, excessif et adorable !, Tomo et Haia, nos petites japonaises, si japonisantes, qui nous racontent leur kimonos de cérémonie, qu'elles doivent porter pour leur 20 ans, et qui dorment ensuite dans un placard et d'autres encore que je garde pour la prochaine fois…